Palestine Israël - Le documentaire comme révélateur d'un épicentre des tensions du monde
Michael Hoare
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Pourquoi est-ce que le conflit qui déchire un bout de terre à l'est de
la Méditerranée nous affecte-t-il tant ? Tous les jours, les nouvelles
de la petite douzaine de millions de Palestiniens-Israéliens (une
population qui équivaut à celle de la région parisienne et occupant une
surface plus petite que la Bourgogne) défraient nos chroniques,
occupent l'espace de l'information médiatisée. Le décompte des victimes
est minutieux. Combien de morts, chaque jour, en Tchétchénie? dans les
favellas du Brésil ? combien de prisonniers politiques chez les Bongo
ou d'autres grands serviteurs du néo-colonialisme français ? Silence
dans les grands médias. Par contre, chaque journal radio ou télé se
transforme en bulletin constamment remis à jour des pertes et des
mouvements du gouffre palestino-israélien.
La raison se trouve dans la conjonction de plusieurs fractures,
plusieurs lignes de tension qui traversent le monde et se rejoignent au
Proche Orient précisément dans le pays Palestine - Israël. Cet article
se fixe comme tâche de nommer quelques-unes de ces tensions et de
rechercher pourquoi et comment elles poussent à faire du cinéma et
notamment un cinéma d'essai, un cinéma de recherche formelle, un cinéma
à la fois d'engagement politique et de mise en doute subjective. A mon
avis, ce cinéma porte en lui une énergie d'interrogation et de remise
en cause qui en fait l'un des plus intéressants produits dans le monde
actuellement.
Le dernier avatar du colonialisme territorial :
Cowboys contre Indiens
Du point de vue de l'histoire des quatre cents dernières années, l'état
d'Israël est probablement la dernière aventure coloniale de l'homme
blanc. Certes il y a une longue histoire depuis une centaine d'années
de forées militaires dans plusieurs points du globe par les puissances
concurrentes, et notamment américaines, pour défendre ce qu'elles
perçoivent comme leurs intérêts (perception réduite le plus souvent à
la simple capacité d'y faire des affaires, ou protéger leurs
investissements). Mais que ce soit en Chine au milieu du 19ème siècle,
à Cuba, au Guatamala, au Panama ou ailleurs au 20ème siècle, les
troupes occidentales n'ont pas été suivies par une tentative de
peuplement des zones envahies. Aujourd'hui personne n'imagine que les
Américains vont se servir de leur conquête militaire de l'Iraq pour le
repeupler.
Or Israël est, avant et par-dessus toute autre considération, une
colonie de peuplement. De ce point de vue, elle est une aventure
hautement susceptible de médiatisation. Même si la mythologie du
"peuple sans terre" qui occuperait une "terre sans peuple" a perdu de
sa crédibilité, l'énoncé héroïque d'une race d'hommes entrepreneurs et
énergiques qui "font fleurir le désert" reste intimement tissé à
l'épopée israélienne. Une analyse détaillée de la presse américaine à
ce sujet serait certainement instructive. Un exemple tiré au hasard
signé Phil Brennanse trouvé sur le site web de newsmax.com : "Si la
population non juive continue de grandir plus vite que la population
juive, Israël pourrait devenir un pays sous-développé du tiers monde
d'ici 2020, prédit un expert démographique." (1) Le sous-texte est
facilement décodable. Les gens qui occupaient le pays avant (et qui
pourraient finir par le submerger si on n'y fait pas attention) ne font
rien fleurir. Ils ne sont ni entrepreneurs, ni énergiques, ni éduqués,
ni capables ou aptes à autre chose que d'être dominés et évacués. Ils
gaspillaient le trésor potentiel sur lequel ils étaient assis. Il est
justice que des paresseux et des incapables se fassent éjecter par des
travailleurs et des compétents. L'imagerie du fort de la cavalerie US
attaqué par des nuées d'indiens tirant à tout va jaillit de chaque plan
d'une "colonie" israélienne en territoire "occupé" : des blocs de
maisons en béton blanchi entourés d'un mur grillagé, desservis par des
routes spéciales et gardés par des tours portant mitraillette. Mais
cette première image est bien trop favorable aux thèses colonialistes.
Les palestiniens ne sont pas des "sauvages"et les colons israéliens
n'apportent pas la "civilisation" telle que Hollywood des années trente
ou quarante a pu l'imaginer. L'image d'une partie d'échecs, d'une
stratégie de la pieuvre serait plus appropriée. Il s'agit avec chaque
déplacement d'une pièce de couper l'ennemi de sa base, de rendre son
existence sur cette terre invivable, de l'obliger à choisir entre le
départ, la dépression ou la révolte suicidaire. Les gens de Yanoun de
Jean-Claude Perron et Catherine Shammes témoignent fort bien de cette
stratégie.(2)
Le mot anglais "settlement" dit aussi bien les choses, les "settlers"
étaient des gens partis s'installer et cultiver la vaste terre vide à
l'ouest des Appalaches tout au long du 19ème siècle. Les mêmes scènes
se reproduisent au Canada, en Australie. Les images de "colons"
mitraillettes à la main, entrant en territoire hostile pour faire une
prière auprès d'un site religieux, images que l'on retrouve dans des
scènes d'Abraham Segal filmées à Hebron (3), ou de Dominique Dubosc à
côté du tombeau de Rachel (4), ces images disent la brutalité de
l'affrontement, disent aussi la foi immense des forces coloniales en
leur propre raison idéologique. Comme Eyal Sivan aime à le répéter, en
reprenant et adaptant la leçon de Yeshayahu Leibowitz, certains
sionistes (Leibowitz distinguait "deux sionismes" pour critiquer les
colons et les occupants) croient vraiment que la Bible n'est qu'un
vaste titre de propriété signé par Dieu à leur bénéfice. (5)
Etre le peuple élu se résume ainsi à se considérer héritier légitime de
ce terrain-là et de tout ce qui s'y trouve. De nombreux observateurs
l'ont déjà remarqué : cette croyance dans le "destin manifeste" d'un
peuple rappelle de manière frappante les contours de l'épopée
américaine. Face au peuplement blanc et chrétien des plaines du
continent américain, les habitants premiers, écrasés par une force
militaire infiniment supérieure, n'avaient qu'à se soumettre et se
cantonner dans des "réserves", ou mourir. L'acte du Congrès daté de
1831 et qui marquait le début du dernier acte de ce conflit s'intitule
"The Indian Removal Act" (La loi sur le déplacement des Indiens). Une
des nombreuses similarités entre les politiques israéliennes et
américaines menées par les gouvernements actuels est précisément cette
volonté de cantonner, de déplacer les premiers habitants d'une terre
conquise vers des espaces réservés et sous haute surveillance.
Une autre image bien connue de tous les Israéliens est révélatrice à la
fois de la paranoïa de l'entreprise, et de sa nature colonisatrice et
anti-démocratique. Un plan tiré d'un atlas qui montre le minuscule état
israélien entouré par des millions de kilomètres carrés de pays arabes
hostiles. La leçon de cette image : les arabes (lire les palestiniens)
ont le choix de vivre parmi "les leurs" n'importe où dans l'immense
espace situé entre les portes de la Chine et l'océan atlantique. Et
tout ce que Dieu et les hommes ont légué aux juifs comme terre et comme
pays est ce minuscule territoire de rien du tout dont certaines forces
hostiles - forcément antisémites - veulent les priver. Cet argument en
soi justifie toutes les expulsions, toutes les confiscations et inverse
la charge de l'intention criminelle - ce sont eux qui veulent nous
liquider ! On ne fait que se défendre !
Pour revenir encore à Yeshayahu Leibowitz rapporté par Sivan,
l'occupation militaire des territoires conquis transforme le peuple
victime en peuple d'assassins confortablement installé dans une fausse
bonne conscience inébranlable ; ses actes sont toujours légitimés par
la menace perpétuelle dont il prétend être la victime, mais dont il est
lui-même l'instigateur.
William Karel dans son film Le monde selon Bush
(6) monte des images nous montrant des défilés de chrétiens américains
manifestant leur soutien à Sharon et au projet d'Israël, exhibant
autant de joie et d'engagement affectif que les sionistes eux-mêmes.
Ces gens vivent dans un monde, simplifié à outrance par leur culture
médiatique et leurs prédicateurs religieux, d'une lutte sans merci
entre le bien et le mal, entre le démon et Dieu. La terre sainte, telle
dans une énième croisade, doit être arrachée à l'influence des
terroristes, des arriérés, de l'Islam. Israël de ce point de vue est
sur la ligne de front de la lutte contre les paiëns, les hérétiques,
ceux qui nient la signification religieuse de la passion du Christ. Une
ré-identification avec le judaïsme combattant est possible à cause de
la lutte des juifs contre les musulmans sur la propriété de cette
terre, sur la souveraineté des lieux saints.
Ces mêmes chrétiens fondamentalistes peuvent manifester un
anti-sémitisme virulent contre les juifs de leur propre pays dès lors
qu'ils ne sont qu'une minorité non combattante. Cela ne change rien à
l'alliance sur l'enjeu d'Israël. Il y a même une cohérence entre
vouloir un Israël fort et exprimer le désir (explicite ou non) de voir
partir les minorités juives des pays de la diaspora ; l'Agence Juive
pour Israël travaille sur cette logique depuis sa création.
La droite chrétienne protestante est un élément indispensable de la
coalition qui a permis à Georges Bush Jr de devenir président et
explique en partie l'appui inconditionnel du gouvernement américain au
projet et aux politiques d'Israël. Mais nous l'avons déjà vu,
l'identification américano-israélienne a plusieurs autres ressorts tant
culturels qu'historiques. Elle est renforcée par l'identification d'un
pays de colonisateurs avec un autre, un pays de culture technologique
avancée avec un autre, et surtout depuis le 11 septembre, un pays en
lutte contre le "terrorisme" avec un autre. Cette lutte commune
renforce les liens entre les appareils industriels et militaires, car
les deux pays partagent la conviction que leur puissance dans le monde,
ou dans la région, est surtout garantie par une force de frappe
militaire à la pointe de la technologie et d'une écrasante supériorité.
Certes une minorité juive existe aux Etats-Unis ; certes il y a des
lobbies pro-israéliens efficaces à Washington. Mais l'identification de
l'Amérique avec Israël n'est qu'en partie une affaire de lobbies et de
politique intérieure. D'ailleurs le nombre de musulmans aux Etats-Unis
ne cessent de croître sans que cela semble avoir un quelconque effet
sur la politique étrangère du pays. L'alliance américano-israélienne
est en partie spirituelle et historique, fondée sur la conscience d'une
origine partagée dans une bataille pour exister face à une terre
initialement hostile. En ce sens on peut parler d'unité entre "les"
terres promises. Et cette alliance est d'autant plus forte qu'elle se
fait à la fois contre l'Islam, bien sûr, mais aussi contre l'Europe,
incapable de se défaire de l'ombre raciste et anti-sémite qui pèse sur
son passé depuis le moyen âge.
La faille dans la conscience européenne
Si Israël a de fortes affinités spirituelles et culturelles avec les
Etats-Unis, le projet sioniste, lui, est européen, doublement : d'abord
par son fondateur et par sa naissance historique. Théodor Herzl, né en
Hongrie, éduqué à Vienne, et les autres pères fondateurs d'un courant
nationaliste juif faisaient partie de la montée des nationalismes dans
l'Europe du 19ème siècle, surgis lors de l'affaissement des empires
aristocratiques anciens, et notamment les empires austro-hongrois et
russes. Le libéralisme économique, le nationalisme culturel et
linguistique, le républicanisme politique allaient de pair dans cette
Europe qui se débattait entre les réverbérations encore prégnantes de
la révolution française et la volonté des puissances féodales anciennes
à maintenir pouvoirs et privilèges. Ce qui donnait son caractère
particulier au sionisme à l'époque, c'était la nature dispersée du
peuple juif. La terre des juifs ne pouvait être une terre européenne
car ils étaient minoritaires partout, étalés dans une diaspora
s'étendant de la Russie jusqu'à l'Angleterre, assimilés aux cultures
nationales dans l'Europe de l'ouest, de l'Angleterre à l'Allemagne,
mais gardant une forte identité culturelle avec une langue propre (le
yiddich) là où l'antisémitisme était le plus fort, en Europe centrale
et orientale. Le pays des juifs dans ces circonstances avait du mal à
trouver une traduction autre que symbolique, et historique. Il fallait
un retour aux sources, un retour aux origines, un retour à la fondation
idéologique du peuple, au livre, à la Bible. Le fait que la Palestine
redevienne la terre promise pour les juifs européens était une réponse
idéologique (résultat d'un long débat et de multiples tergiversations)
au fait qu'il n'y avait pas de terre concrète où les juifs seraient
majoritaires, ou aurait une légitimité historique à le devenir,
ailleurs. Donc s'ajoutaient aux communautés juives orientales
d'origine, les premières timides implantations d'européens juifs datant
du début du siècle. Mais le sionisme n'était porté à cette époque que
par une petite partie de la communauté juive européenne, et était
dénoncé de manière virulente par d'autres.
Ensuite, l'événement historique qui a permis au mouvement sioniste de
trouver une traduction dans la réalité fut la destruction des
communautés juives de l'Europe par le nazisme. Douze ans de règne d'un
fascisme nationaliste et antisémite allemand ont suffi pour liquider
physiquement une culture entière et des populations de millions de gens
vivant depuis le moyen âge sur le sol européen. Il est à signaler en
passant que ce n'est pas ce massacre qui a provoqué la deuxième guerre
mondiale. Les discours ou les pratiques nazies à propos des juifs,
aussi repréhensibles soient-ils, étaient considérés à l'époque comme
relevant de la politique intérieure d'un état souverain. La cause de la
guerre a été la politique hitlérienne d'expansion territoriale
continue. Le trauma des peuples juifs aux mains des nazis a été
renforcé par le difficile accueil rencontré par les réfugiés auprès des
Suisses, ou autres puissances occidentales, y compris les Américains.
Dès lors l'idée que les juifs doivent fonder un pays où ils seront
majoritaires, bien armés, combattants, s'impose. Ils ne doivent plus
jamais être victimes d'une majorité oppressante, ne doivent plus jamais
avoir besoin que d'autres se battent pour leur survie. L'opinion
largement répandue en 1945, et fondée sur une base historique récente
et solide, est que personne ne fera une guerre pour la survie des
juifs. Le pays promis des rêves idéologiques d'un courant minoritaire
devient une terre de colonisation réelle. L'afflux est régulier et en
augmentation depuis les années vingt, et massif pendant et suite à la
guerre. Elle est l'expression d'une idée largement partagée : la survie
d'un peuple, de sa culture, de sa religion, comme celle des individus
qui le composent, passe par là.
Or l'holocauste, la liquidation industrialisée des juifs, est une
invention de la culture et de l'histoire européennes. Face à son
organisation industrielle et bureaucratique, la souscription massive de
la nation allemande dans le projet et dans ses fondements idéologiques,
les génocides perpétrés contre les peuples des Amériques ou de
l'Australie, y compris les massacres plus récents comme ceux de
l'ex-Yougoslavie ou du Rwanda, apparaissent amateuresques. L'expérience
est unique, non pas à cause de sa sauvagerie ou de sa cruauté, mais
précisément à cause de la froide rationalité, l'organisation Weberienne
de sa mise en oeuvre. Elle a profondément marqué, bien sûr, les
survivants juifs mais aussi la conscience historique européenne
elle-même. L'Europe a soutenu la création de l'Etat d'Israël pour
battre sa coulpe par rapport à sa propre histoire. Depuis cinquante
ans, l'Europe ne met en doute aucun des fondements excluants ou
ethno-religieux de cet Etat.
Certes, elle soutient depuis une vingtaine d'années l'idée d'un Etat
Palestinien, mais mollement, à demi-mots. Plusieurs facteurs expliquent
son absence d'initiative : le fait que la question n'a que peu de poids
dans les débats politiques intérieurs et les rapports de force
électoraux ; le fait que les ministres des affaires étrangères ne
parlent pas d'une même voix. Mais un problème lourd reste son passé
antisémite qui l'exclut comme joueur significatif de l'échiquier au
Proche Orient. Sa parole est tout de suite décrédibilisée, suspecte, et
sa culpabilité est tellement forte qu'elle s'auto-censure. Face au
franc ralliement des Américains à la nouvelle croisade israélienne,
elle se met hors jeu. Elle finance des infrastructures pour les
Palestiniens que l'armée israélienne dynamite dès qu'elles sont à
portée de main. Les protestations européennes sont à peine audibles.
Elle soutient des plans de paix successifs (Oslo, Feuille de route) que
les politiciens du Likoud continueront d'utiliser comme du papier
toilette tant que le rapport de forces ne s'est pas tourné contre eux,
elle murmure de temps à autre une désapprobation honteuse. Elle est
incapable de parler d'une voix autonome, unie et politique sur la
question. Aux Nations-Unies, malgré deux sièges permanents au Conseil
de Sécurité, ces initiatives sont inexistantes. Israël est le rappel
constant de la honte européenne. Les politiciens israéliens le savent
et utilisent son potentiel de chantage à merveille. (7)
Un bilan manquant
et la délocalisation de sa facture
Pour que l'Europe puisse faire le bilan de son passé raciste et
antisémite, pour qu'elle puisse passer l'éponge et parler avec une
confiance renouvelée, il aurait fallu, il faut toujours, qu'elle en
fasse le bilan. Or la période après la guerre ne s'y prêtait pas. Une
remise à plat des erreurs passées n'était nulle part la priorité.
L'attention était accaparée par le besoin de remettre de l'ordre, de
reconstruire un Etat, de récupérer les éléments des Etats fascistes qui
pouvaient l'être. Ce fut suivi de près par la guerre froide et
l'obsession de la menace communiste. Du coup la véritable implantation
d'un antisémitisme politique de masse n'a jamais été examinée, de même
que le racisme hérité de la période coloniale n'a fait l'objet d'aucun
travail d'introspection collective, de mise en cause. Le résultat de
ces démissions successives est que le racisme perdure ; au fond, la
conscience de la supériorité de l'homme blanc, de la civilisation
occidentale, blanche et chrétienne n'a pas été interrogée. Un
questionnement fondamental des processus de l'histoire européenne n'a
pas été engagé dans les systèmes d'éducation, et donc dans les cultures
et dans les consciences des populations. L'élargissement récent de
l'Union Européenne vers de nombreux pays de l'est où un "antisémitisme
sans Juifs" reste vivace (en Pologne en particulier) ne risque pas
d'arranger cette situation.
Les conséquences de cette amnésie à la fois volontaire et sélective se
manifestent dans la continuité des pratiques néo-coloniales économiques
et politiques à travers le monde. La "Françafrique" dénoncée par
Xavier-François Verschave (8) entre autres, le soutien continu aux
régimes autocratiques et corrompus dans les pays du Maghreb, la
continuité d'une politique excluante envers les candidats à
l'immigration provenant des pays du Sud, la persistance de racisme
envers les minorités de couleur même françaises dès qu'il s'agit
d'allouer des ressources essentielles (logement, travail, promotions),
tous ces éléments traduisent une même volonté économique et politique :
maintenir une situation privilégiée pour ceux qui appartiennent aux
corps nationaux, les citoyens et électeurs massivement autochtones ;
faciliter la reproduction d'une élite bourgeoise qui reste très
majoritairement mâle et blanche.
La France a récemment montré son extrême susceptibilité au sujet de la
possible résurgence d'un nouvel antisémitisme dans les banlieues.
C'est, en effet, une question d'image majeure pour un pays qui a
suscité le régime de Pétain. Or, l'antiracisme ne se divise pas.
Aujourd'hui, en même temps, on en vient à discuter sérieusement dans
les hauts lieux de l'Union européenne de la mise en place de camps
d'internement pour immigrés potentiels dans les sables de Khaddafi et
de Ben Ali. Si ces projets se réalisaient, les Australiens n'auraient
plus le triste monopole de gérer des camps de la mort lente pour
réfugiés économiques ou politiques rejetés. Et les idées de répartition
raciale entre le monde des possédants et le monde des affamés
trouveraient une nouvelle traduction concrète.
L'ensemble de ces signes, de ces gestes politiques, traduisent la
difficulté qu'a l'Europe de s'afficher comme une puissance politique
opposée à toute discrimination ethnique et religieuse. Ils lui dénient
d'avance la posture de supériorité morale qui lui permettrait de
critiquer tout Etat fondé sur des postulats d'inclusion ou d'exclusion
d'une partie de ses résidents (y compris de la part de républiques ou
de royaumes dits "islamiques"). Parce que la politique européenne
elle-même n'obéit pas à ces principes, elle ne peut avoir, vis-à-vis de
la politique israélienne de colonisation et d'expansion qu'une position
de honte, de vacillation et, finalement, d'auto-mutilation complice.
Mais toute négation de l'histoire a un coût. Quelqu'un à un moment ou
un autre doit solder la facture, payer le prix, en souffrir les
conséquences. Plutôt que de faire face aux monstruosités de son propre
passé, l'Europe, comme pour ses unités de production industrielle,
délocalise. Elle préfère laisser aux Palestiniens la lourde charge
symbolique et physique de payer la facture de son histoire antisémite,
de son invention et de sa mise en oeuvre de la Shoah. Et les
Palestiniens la paient, jour après jour, dans une catastrophe humaine
et économique dont rien dans leur propre histoire ne les rend
responsables. Et parmi les Européens, signalons particulièrement la
responsabilité britannique qui, depuis la déclaration Balfour jusqu'à
la piteuse aventure de Suez n'a jamais su reconnaître un droit des
palestiniens à leur auto-détermination démocratique sur un territoire
dont ils étaient depuis des millénaires les occupants majoritaires.
Le sionisme n'a pas eu de prise auprès des communautés juives dans les
pays arabes jusqu'à l'après-guerre de 1948, jusqu'à la défaite des
armées arabes contre le jeune état israélien. Cette défaite a alimenté
la montée d'un nationalisme anti-colonial arabe où les communautés
juives étaient identifiées aux forces coloniales et sont devenues une
cible politique. Avant 1948 les communautés juives étaient mieux
intégrées au monde arabe qu'elles ne l'étaient au monde chrétien
européen. Pendant les bouleversements politiques des années cinquante,
le travail de l'Agence Juive notamment au Maroc, telle une prophétie
qui s'autoréalise, commence à avoir son effet, l'émigration devient
massive, important de nouvelles contradictions et ostracismes au sein
même de la société israélienne.
Les failles Nord-Sud et Ouest-Est :
riches/pauvres, individus/communautés
Palestine-Israël est traversé par la faille entre le Nord et le Sud,
entre les pays riches et les pays pauvres. Comme dit Simone Bitton (9),
on vit de manière très confortable si on est ingénieur dans le secteur
des BTP Israéliens, ou cadre moyen dans l'armée. Une société entière a
un niveau de vie occidental, certes avec un taux de chômage élevé, mais
jouissant de salaires et d'une couverture sociale digne des pays riches
(PNB par tête $19 800 selon la CIA (10), 23ème au monde). La source de
cette richesse n'est pas seulement à trouver dans des réussites
économiques, parfois douteuses, celles des kibbutzim ou autres
exportateurs de produits Jaffa, mais plutôt dans la croissance soutenue
d'un appareil militaro-bureaucratique, des industries de recherche et
de "défense", impulsés par l'effort de colonisation lui-même, et un
programme d'éducation modèle. Israël profiterait, selon la CIA, du plus
fort taux d'ingénieurs au monde, par rapport à sa population. Cet
appareil, fortement bénéficiaire de l'aide américaine et des apports de
la diaspora, et malgré la corruption pour laquelle il est souvent
critiqué, irrigue un système économique qui permet de donner un niveau
de vie respectable à la majorité des 5 millions d'habitants juifs du
pays.
Sur la même terre ou très proches, vivent environ six millions de
Palestiniens (PIB par tête en Cisjordanie $800, la moitié à Gaza), donc
beaucoup de très pauvres. Des paysans ayant de plus en plus de mal à
cultiver une terre qui leur est souvent confisquée, des réfugiés ne
vivant d'aucune activité économique productive, maintenue en existence
par les programmes d'aide internationaux ou islamiques.
Le film Ecrivains des frontières
(11) contient une scène poignante marquée par la douleur ressentie par
un homme lorsque ses oliviers sont arrachés, au profit d'une énième
route de contournement. Les camps et villages Palestiniens deviennent
de plus en plus des villes-dortoirs où subsistent dans des conditions
indignes un peuple tenu en otage, un volant pléthorique de main
d'oeuvre qui a du mal à accéder même à l'humble statut de travailleurs
saisonniers, occasionnels, car de plus en plus victimes des aléas des
blocages des frontières, des impossibilités à se déplacer. Et comme
Nurith Aviv l'indique dans son film de 1998 Makom avoda (12) pour punir
ce peuple de l'effronterie de son existence, l'appareil économique
israélien fait appel à une main d'oeuvre étrangère, est-européenne,
asiatique, provenant de n'importe où à condition qu'elle soit bon
marché et soumise.
Cinquante-six ans après la déclaration de l'Etat, une centaine d'années
après la formulation de l'appel sioniste, l'implantation d'un
capitalisme d'abord agro-alimentaire mais de plus en plus
militaro-industriel a reproduit en miniature le gouffre entre le Nord
et le Sud au sein d'un territoire de la taille d'une région française.
Je ne veux pas suggérer qu'il n'existe ni israéliens juifs pauvres, ni
Palestiniens occidentalisés et riches, ce serait absurde. Mais la
dynamique de la société palestino-israélienne est de reproduire, sur
les lignes d'un apartheid physiquement et socialement marqué dans le
territoire, la division entre riches et pauvres de ce monde. Ce n'est
pas l'unique faille sociale qui traverse ce territoire.
Le sous-texte du film d'Avi Herkovitz et de Sharon Hammou Fantasy
(13) est qu'un garçon arabe gay, ou un garçon juif sépharade, également
gay, ayant la volonté de se travestir et cherchant l'épanouissement de
son individualité, n'a d'autre choix que de quitter Jaffa, ou le
village orthodoxe d'origine, pour aller vivre et travailler à Tel Aviv.
Pourquoi quitter Jaffa ? Parce que la famille palestinienne, comme la
famille orthodoxe, dont proviennent et l'un et l'autre font partie
d'une société traditionnelle, religieuse, communautaire, solidaire où
l'expression d'une pratique ou d'une identité sexuelle hors norme
apporterait la honte à toute la famille. Pourquoi aller à Tel Aviv ?
Parce que par certains côtés Tel Aviv est le New York d'Arabie, une
ville riche, américanisée où la norme de l'acceptable dans les
comportements privés s'est élargie, où la tolérance aux identités
diversifiées permet aux comportements divers de co-exister. Le film ne
creuse pas cette différence d'attitude selon les lieux, mais il la
laisse entrevoir. Et les destins de Samy et de Mikael, ses deux
protagonistes, permettent de redessiner une autre fracture qui traverse
la société palestino-israélienne.
La différence entre une société paysanne traditionnelle et une société
civile moderne, l'une dominée par une conception organique de la
religion, et l'autre par la jouissance individualisée, par l'hédonisme
moderne, forme une faille entre l'Est et l'Ouest. Elle s'inscrit dans
la logique même de la structuration des deux communautés.
L'atomisation du corps social occidental (dont Tel Aviv fait partie)
est perceptible aussi dans le film d'Udi Aloni Local Angel (14). Une
des trames de ce film très riche suit l'auteur lui-même à la recherche
de son appartenance et du lieu où il sent qu'il pourra habiter. Au
début, il ne sait s'il s'agit de New York ou de Tel Aviv, ce qui motive
son déplacement. A la fin, il sait que le lieu où il peut habiter ne se
trouve ni dans l'un ni dans l'autre espace mais, et là il renvoie à une
tradition juive plus ancienne, dans l'espace spirituel, intellectuel,
culturel de la langue et du verbe.
Or les communautés juives et musulmanes sont également divisées chacune
par la ligne de séparation "solidaire-atomisé". La longue Route 181
(15) empruntée par Michel Khleifi et Eyal Sivan se termine avec
l'interview de juifs d'origine marocaine qui regrettent leur
déplacement, la société et la paix qu'ils ont laissées derrière eux.
Nul besoin d'insister sur la manière dont la faille
traditionnaliste-moderniste traverse la société juive d'Israël dans la
figure des "sépharades" et des "ashkenazes", jusqu'au point où les
sépharades eux-mêmes se disent victimes du racisme et d'ostracisme de
la part des juifs d'origine européenne. La violence de la politique du
Likoud peut être lue pour partie comme une affirmation forte des
sépharades revendiquant leur légitimité comme citoyens du pays,
désireux de s'approprier l'idéologie fondatrice du pays (qui n'est pas
originellement la leur), en même temps qu'elle exprime le besoin
refoulé de vouloir se démarquer à tout prix et par tous les moyens de
ces musulmans d'origine qui leur ressemblent tant.
Entre fascisme et co-existence,
entre fondamentalismes et démocratie,
le documentaire creuse sa place
La caméra documentaire n'aime pas le fascisme et les fascistes n'aiment
pas la caméra documentaire. Je dis cela avec tout le respect que je
peux avoir envers les cinéastes que l'on pourra opposer à cette thèse.
Léni Riefenstahl était certes une excellente cinématographe et
monteuse, ses films ne sont pas plus "documentaires" que la dernière
réclame pour Panzani. Certes Jean-Marie Lepen s'humanise (même si sa
gouaillerie ne le rend guère plus sympathique) sous la caméra d'un
cinéaste qui le regarde de près. Pour l'instant, aucun documentariste
n'a pu s'installer pour tourner librement un film direct sur le
fonctionnement du FN. Et, à mon avis, ce n'est pas pour demain.
Pourquoi ? Parce que ce que la caméra documentaire révèle, c'est la
singularité des gens, les différences, les dissonances et la diversité
des perspectives et des points de vue. Or le fascisme, comme mouvement
politique, si le mot à un sens, veut dire une unification volontariste
des pensées et des efforts, généralement prenant comme cible d'autres
êtres humains considérés comme inférieurs à, ou indignes de
concurrencer avec, le groupe mobilisé dans le camp fasciste. C'est ce
que révèlent les séquences tournées au village du film
Mabrouk-at-tahrir par Dalia Fathallah(16). Chez les militants
communistes, avec lesquels la cinéaste semble sympathiser, il y a du
discours et un dialogue. Avec les groupes Hezbollah qui sont leurs
concurrents directs, rien de tel, des images du groupe, des cris de
ralliement de masse et une grande méfiance. Peut-être que le caractère
féminin de l'équipe (réalisatrice, opératrice) n'a pas plu aux groupes
filmés.
La caméra documentaire cherche le dialogue. La caméra documentaire
humanise celui ou celle qu'il filme, nous met en proximité et dévoile
par l'enregistrement, le passage d'une multitude de signes conscients,
inconscients, tons, timbres de la voix, expressions et gestes,
l'infinie humanité de l'autre filmé. Donc la caméra documentaire (et la
personne qui la tient) a un penchant vers l'humanisme et le dialogue.
Entre cinéaste et personne filmée il y a tout de suite dialogue. Avec
le spectateur il y a déjà une tierce personne, un auditeur convoqué,
sollicité, donc, a minima un dialogue à trois. Ne serait-il pas la
condition minimale pour le fonctionnement de la démocratie, un pouvoir,
une opposition et un régisseur du jeu ? Or l'échec des politiques
basées sur le respect de l'humain, sur le dialogue et la construction
d'un consensus au-delà des clivages nationaux, font que, de part et
d'autre, les intolérances et les fondamentalismes fascisants
s'affermissent.
Une des caractéristiques du fondamentalisme fascisant est la négation
de la subjectivité comme porteuse de doute et d'interrogation. Une des
caractéristiques de la caméra documentaire dans ce conflit ces
dernières années est sa capacité d'inscrire une subjectivité de doute
au milieu de tant de certitudes excluantes du monde actuel.
Dans son film Août,
Avi Mograbi (17) balade sa caméra entre divers groupes de citoyens
juifs d'Israël rencontrés au hasard de ses errances. Au bout de peu de
temps, souvent une minute à peine après le début de sa prise, sa caméra
est prise à part, on lui vocifère qu'il faut arrêter de tourner, qu'il
tourne forcément pour l'autre côté, qu'il n'a qu'à foutre le camp. Le
réalisateur, exaspéré à la fois par la chaleur de l'été et l'énervement
de ses concitoyens, se résoud à construire un bon tiers de son film
devant son propre miroir, mimant et simulant les personnages clefs
démarquant l'impossibilité dans laquelle il se trouve de faire son
film.
Le film Local Angel
d'Udi Aloni a suscité une controverse dans la presse israélienne non
pas à cause de ses qualités, son indéniable complexité et richesse,
mais parce que le cinéaste ose demander à Yasser Arafat les conditions
dans lesquelles les Palestiniens pourraient pardonner aux Juifs
d'Israël le tort qu'ils leur ont causé.
Dans Enquête personnelle
(18), comme son nom indique, la cinéaste Ula Tabari, se met en scène,
filmant le questionnement de sa propre éducation, endoctrinement,
aliénation idéologique en tant qu'enfant arabe d'Israël. Elle filme les
tentatives de mise en place d'une autre éducation des enfants
palestiniens d'Israël. Son enquête est personnelle parce qu'elle
revient sur la construction de sa propre personnalité, sur les
conditions dans lesquelles ses parents sont devenus israéliens et leur
manière de construire leur résistance personnelle et mentale. Mais il
s'agit aussi, et de manière très explicite dans le film, de mettre en
scène son processus d'interrogation et de recherche. Le personnel est
revendiqué y compris au sens le plus littéral. Tabari promène sa
personne, son corps à la fois sensuel et drapé d'un noir de deuil, à
travers les ruelles et les places de Nazareth comme on brandirait un
drapeau dans une manifestation.
Le cinéma, le documentaire, agissent depuis quelques années dans ce
bout de terre comme un acteur d'une démocratie possible. Il interroge,
cherche un espace de subjectivité qui tente de trouver ce qui n'a pas
encore été pensé. En exprimant une subjectivité en acte, la caméra peut
participer à une recherche qui se fait, et cette recherche est
forcément respectueuse de l'autre, prend en compte la complexité de
l'humain, tend à créer les conditions de dialogue et d'échange. La
caméra est un acteur démocratique dans un terrain miné par la montée de
fascismes excluants. Elle, comme l'ensemble de l'espace démocratique en
Palestine-Israël, est prise entre les tenailles des mouvements
idéologiques et mutuellement excluants qui l'entourent. Mais en même
temps, elle creuse, elle cherche, elle n'abandonne pas, au contraire sa
production s'enrichit et s'approfondit, et pour cela, elle devient, et
elle est, source d'espoir.
En nous interpellant, en interpellant leurs publics partout où ils sont
montrés, les films et les cinéastes dont nous avons parlé dans ce
numéro nous font participer à la recherche d'une nouvelle configuration
de la paix qui semble aujourd'hui encore impossible.
Mais pour combien de temps encore... ?
(1) Israel's Population Bomb in Reverse, Phil Brennan, NewsMax.com, samedi 19 octobre 2002.
(2) Les gens de Yanoun, Jean-Claude Perron, Catherine Shammes, Artis Vidéo, Ardèche, 2003.
(3) Enquête sur Abraham, Abraham Segal, 1996, 102 minutes, Production:
13 Production, INA, France 2, La Cinquième; disponible chez
Montparnasse Vidéo.
(4) Palestine, Palestine, Dominique Dubosc, 2001, 76 minutes,
Production: KINOfilm, Les films d'ici; disponible auprès de la
Médiathèque des trois mondes.
(5) Eyal Sivan a consacré un film entier à ses discussions avec Leibowitz :
Itgaber, le triomphe sur soi, Eyal Sivan, 1993, 170 minutes, Production : Les films d'ici, Images et Cie ;
ainsi que des passages importants dans :
Izkor, les esclaves de la mémoire, Eyal Sivan, 1990, 97 minutes,
Production : Ruben Korenfeld; les deux films sont disponibles chez
Momento Productions.
(6) Le monde selon Bush, William Klein, en collaboration avec Eric Laurent, Flach Film, France 2, 2003.
(7) Il suffit de réfléchir au récent esclandre entre Sharon et Chirac à
propos de la montée de l'antisémitisme en France et l'invitation de
Sharon aux juifs de France de venir chez lui. Le résultat de cette
provocation fut tout bénéfice pour Sharon. La France doit de nouveau
veiller à ce que sur le plan étranger, elle ne paraisse pas comme trop
pro-arabe. Elle reçoit de nouveau un rappel des épisodes honteux de son
passé. C'est elle qui doit montrer patte blanche d'anti-racisme face à
un homme qui, lui, devrait être jugé pour crimes contre l'humanité
(Sabra et Chatila, ne serait-ce que cet incident-là) et qui dirige et
revendique une politique de nettoyage ethnique.
(8) François-Xavier Verschave poursuit à travers des livres et une
association Survie un travail d'enquête et de dénonciation approfondie
du néocolonialisme français.
(9) Mur, Simone Bitton, Les films du paradoxe, 2004, voir aussi la
transcription de la rencontre à Lussas dans le numéro 19 de "la revue
Documentaires".
(10) The World Factbook, CIA, site de référence pour les dernières
informations géo-statistiques : www.cia.gov/cia/publications/factbook
(11) Ecrivains des frontières, Samir Abdallah et José Reynès, L'Yeux ouverts, 2003,
(12) Makom avoda, Nurith Aviv, 1998, 81 minutes, Production : Leora
Kamenetzky, Christian Lelong. Cette cassette est disponible sur le site
web de Nurith Aviv.
(13) Fantasy, Avi Herkovitz et Sharon Hammou, 1999, 52 minutes, Production : les réalisateurs.
(14) Local Angel, Udi Aloni, 2002, 70 minutes, Production : Local Angel LLC and Noga Communications Channel 8 Israel.
(15) Route 181, Michel Khleifi et Eyal Sivan, Momento Productions, 2004.
(16) Mabrouk at-tahrir, Ealia Fathallah, 2002, 59 minutes, Production : INA, New TV, Images plus.
(17) Août, Avi Mograbi, Avi Mograbi Productions, Les films d'ici, 2001.
(18) Enquête personnelle, Ula Tabari, 2002, 85 minutes, production : ADR Productions, Jacques Debs, ZDF Allemagne.